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Sunday, May 8, 2011

DONNONS UNE CHANCE A SWEET MICKY

par OdlerRobert Jeanlouie, dimanche 8 mai, 2011


Le 14 Mai, sur les decombres, les debris, et les carcasses accumules par le tremblement de terre du 12 Janvier 2012, le tout-Port au Prince se vetira de son habit d'apparat pour assister a l'investiture du 47ieme chef d'etat de la "premiere republique negre independante du monde", comme les Haitiens aiment appeler leur pays. Encore une fois, les dernieres elections n'ont pas ete sans histoires, o mon Dieu, quelles histoires.
 
 Elles ont commence avec la condidature du rappeur qui ne parle pas Francais. Ensuite on a eu, selon l'OEA, une tentative de coup de force electoral par le gendre du president sortant qui parle bien Francais. Puis, la distinguee dame de la politique haitienne a rate le coche, en depit du fait qu'elle parle le vrai Francais de la Sorbonne. Finalement, les urnes ont penchees lourdement et favorablement du cote de Michel Sweet Micky Martelly, qui ne give pas a damn du Francais, bien qu'il le parle tres bien. Et je n'ai meme pas adresse la question sensible du retour a la terre natale de l'ex-president qui parle Francais et a vecu en France, et celui de l' autre ex-president qui parle le Creole, le Francais, le Latin, l'Espagnol, l'Anglais, le Zoulou, l'Afrikaner, l'Allemand, le United Nations et qui vivait en Afrique du Sud. Si vous me demandez mon avis, je vous dirai que le Francais a gagne les elections pour la simple et bonne raison que vous etes en train de lire ce texte.
 
 Les grands perdants des elections sont ceux qui ont ete eduques, prepares, fourbis, moules dans les grandes universites de l'Europe, de l'Amerique du Nord, de l'Amerique Latine et d'Haiti, et qui n'ont pas su s'organiser et s'affirmer pour prendre les renes de leur pays, a un temps crucial de l'histoire de la republique antillaise, ou leur competence serait salvatrice.
 
 La popularite de Sweet Micky est incontestable; son inexperience politique et son manque d'education formelle en matiere d'administration ne le sont pas moins. La question a se poser est, comment, vingt cinq ans apres le depart des Duvalier, la classe preparee s'est laisse supplanter dans les mesures de credibilite par un chanteur?  Les parents qui ont sue sang et eau pour faire de leurs rejetons des leaders competents ont perdu leur argent; c'est tout. Manno Sanon et Robert Martino etaient tres populaires, n'est pas? Mais, les elections, dans les annees 70 auraient toujours tourne a l'avantage de Marc Bazin ou de Sylvio Claude.
 
 Ok, c'est passe maintenant. Ce qui est fait est fait. "Les peuples ont les dirigeants qu'ils meritent" (?). Et si vous, votre ami, votre avocat, ou votre professeur n'etes pas President, c'est parce que vous n'avez pas eu le courage ou le culot de poser votre candidature pour servir votre pays; ou parce que vous n'avez eu le bagage pour vous addresser de maniere appropriee aux compatriotes dont vous vous destiniez a servir les interets.

 Attelons-nous a la tache. Enchainons-nous a un devoir immense de construire un pays qui n'existe que sur papier.  Dans les circonstances actuelles, il est plus difficile d'etre president d'Haiti que d'etre president des Etats Unis. Le President Martelly a enormement de pain sur la planche et nous devons l'aider a le fourner. Ce n'est pas le probleme d'un individu, c'est le probleme d'une nation. 
 
 Haiti aujourd'hui est un casse tete chinois. Le pays est dans le dernier quartile de tous les indicateurs economiques et sanitaires. Et les auteurs, les coupables sont facilement identifiables. Les principaux coupables sont toi et moi; moi, plus que personne d'autres pour n'avoir rien fait pour changer ce triste etat de fait. Pendant le dernier demi-siecle, nous avons accepte de vivre sous une dictature, sans pouvoir nous organizer a y trouver une alternative. Et depuis que cette dictature a laisse nos cotes, nous n'avons jamais su creer dans l'esprit de nos compatriotes un sens de priorite, un produit d'Etats Generaux, une alerte d'urgence pour le progres pour tous.
 
 Mais aussi Haiti est dans une situation privilegiee. Elle ne compte que neuf millions d'Habitants, a peu pres l'equivalent de la population de la ville de New York, bein moins que la population de Tokyo ou de Paris.  Elle est un petit pays de la superficie l'Etat americain de Maryland. Elle est servie par deux millions d'expatries qui assurent la survie de la population autochtone, en depit des defiiciences des pouvoirs locaux. Elle est suivie de pres par les puissances internationales qui n'ont aucun interet a continuer a se soucier d'un etat en debandade dans la mer des Caraibes, avec les risques d'implantation d'ideologies islamistes extremistes dans les esprits agites d'une population affamee. Finalement, elle est la cible potentielle d'investisseurs et de developeurs de tout poil qui y voient une main d'oeuvre a bon marche, une population foncierement honnete et laborieuse, et un terrain tres fertile pour le developpement du tourisme dans un pays qui etait, il y a pas trop longtemps, la premiere destination touristique des Antilles.
 
 Mettons la main a la pate. Commencons par une reconcilation nationale, a la maniere de l'Afrique du Sud, en pardonnant les Macoutes et les Lavalasssiens; le pays n'a pas de temps pour le cirque que creerait le jugement d'un Duvalier ou d'un Aristide; nous devons maintenir l'attention et la sympathie sur nos problemes, pas sur nos mesententes. Deblayons les debris du tremblement de terre. Relocalisons les sans-abris qui occupent les arteres et les places publiques de la capitale. Decentralisons l'administration en eliminant le concept de la "republique de Port au Prince". Creons une force de police competente pour l'eradication de la crimininalite institutionelle et la maintenance de la paix publique. Eliminons la corruption administrative a tous les niveaux.
 
 Une fois ces bases posees, le gouvernement de Michel Sweet Micky Martelly s'attelera immediatement a pourvoir le gite, couvert, la sante, l'education, et l'emploi (les cinq axes du developpement) a une population homogene de neuf millions d'Africains, vivant sur une petite superficie de la dimension du Maryland, unis par le desir ardent d'associer les mots "respect et dignite" a leur dimension humaine.
 
 Micky ne peut pas le faire tout seul. Les elections sont maintenant dans le passe. Unissons-nous derriere le President de tous les Haitiens. Aidons-le et encourageons-le. Il releve tres peu qu'avant d'etre le President d'Haiti, Micky etait le President du Compas. S'il met, dans son mandat presidentiel, autant de talent et de devouement qu'il en mit dans sa presidence musicale, Haiti doit se preparer a atteindre toutes les hauteurs.
 
 Martelly jure par la transparence gouvernementale, nous sommes tous d'accord que c'est une condition si ne qua non au progres haitien. Transparence, pour un homme qui n'hesita jamais a se devertir devant son grand public, voila une promesse de campagne qui semble, pour lui, facile a tenir.

 Felicitations et bon courage au nouveau President.
 
 (OdlerRobert Jeanlouie, dimanche 8 mai, 2011)

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